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Black Coal, Thin Ice

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3/5

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6 critiques: 3.38/5



Ordell Robbie 2.5 Gâché par un rythme trop bancal.
Arno Ching-wan 3.75 Patin, coup fin !
Anel 2.75
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Patin, coup fin !

Un Ours d’or à Berlin pour le réal’ du wagon-couchette Train de nuit ? Ben voyons ! Allons vérifier le dithyrambe, quand même, sait-on jamais.

Quelques heures plus tard…

Bon… ok, c’est pas mal. C’est même pas mal du tout. C’est bien et… parfois même très bien. Bon, ok, c’est très bien.

Le sourcil gauche prétentieux haussé, j’ai d’abord vu le début comme une tentative de faire se croiser l’absurde de Bong Joon-ho et celui de Takeshi Kitano. Après tout, le titre chinois Bai ri yan huo veut dire, si j’ai bien tout suivi, « Feu d’artifice de jour », ce qu’à peu de chose près signifie Hana-bi en japonais, film auquel j’ai pensé le temps d’une fusillade aussi burlesque que profondément dramatique. Puis a débarqué… Kwai Lun-Mei ! Bah !… Je ne savais même pas qu’elle jouait dedans, Kwai Lun-Mei ! Ah mais ça change tout, ça, mon bon monsieur ! C’est qu’elle m’inspire, l’actriste ! Si si, ça se dit, « actriste ». C’est une actrice, c’est une artiste, c’est une actriste. Triste, tout du long, d’ailleurs, et la tristesse lui va bien à Lun-Mei. Le feu ? Carrément. « Ah, Lun-Meiiiii le feu ! » m’avait déjà singulièrement poussé à revoir à la hausse The Insider de Dante Lam de sa seule présence et… voilà.

Son personnage du jour travaille dans un pressing. Eh eh. Vous avez déjà vu des canons dans un pressing autrement qu’au cinéma, vous ? Moi, pas. Déjà dans Bullets Over Summer (Wilson Yip) on en trouvait une de belle, de presseuse. Ce qui me rappelle Salma Hayek qui incarne une bibliothécaire au fin fond du trou de balle du Mexique dans Desperado, l’une des plus grosses incohérences qui m’aient jamais frappé au ciné. Pas Salma – parce que Salma frappé – mais l’incohérence.

Mais chut : il faut que je fasse gaffe à ce que je dis sur la belle Lun-Mei parce qu’elle a fait ses études à Lyon en 2004 me signale monsieur Wikipédia. Elle parle sans doute un peu französische…

Peu importe, dès qu’elle s’est tue pour rouler des patins – sur glace – j’ai adoré ! Ce beau moment de ciné aérien, moi, ça m’a fait décoller direct. Les yeux brillant, j’ai soudainement rapproché mes genoux de mon torse comme un gosse et plané à 15 milles. Puis l’histoire a bifurqué à gauche, à droite, avec des petits délires d’improvisation sympathiques – le cheval au commissariat, mais était-ce bien un commissariat ? –, typiques d’un certain ciné indé US. Chaque sous-genre policier se voit caressé : polar pantouflard, puis thriller haletant, puis polar bien noir… puis voilà que je me suis réconcilié avec ma cinéphilie complexée – parce qu’inutile – avec cette histoire qui rapproche des gens, des autres, de la vie. Qu’un acteur glisse sur la neige ou dans un sauna et manque de se gaufrer que Diao garde le plan tel quel là où un autre aurait refait la prise. L’imperfection fait vie : bingo ! Pour une fois, j’ai aimé me promener ailleurs qu’à HK – une ville au nord de la Chine -, pour une fois j’ai aimé qu’on me ballade avec trois ou quatre fausses fins – d’habitude je déteste ça – puisqu’à chaque fois un rebondissement « humain » contrecarre le déjà-vu, la déception. En cela, le réalisateur Diao Yi-Nan s’éloigne joliment de cette mode du supra twist recherché à tout prix ailleurs ; il est allé au charbon – eh, eh – sur ce scénario pendant huit longues années peut-on lire dans la presse. Ça se sent. Son dernier Train de nuit datant de 2007, il en avait plusieurs de retard mais s’est bien rattrapé ! Sur la fin on assiste à plusieurs plans qui pourraient, vraiment, joliment clôturer le film mais non, Diao, comme Étienne avec ses tubes dans les années 80, continue, enchaîne, pour nous en proposer un terminal qui n’en est a priori pas un. On se retrouve devant un gigantesque polar blindé d’éléments cachés, suffisamment pour s’amuser à chercher des messages entre les frames (allez go, riz sur la Chine !). Ca m’a causé comme du Fred Vargas mais aussi comme dans plein de trucs que je connais, de cette cinéphilie no life que j’exècre parfois et que Diao me suggère, à la cool, d’aimer en citant, par exemple, Le 3ème homme de Carol Reed le temps d’un rebondissement romanesque en diable sur la grande roue d’une fête foraine. Et c’est nouveau aussi, donc c’est frais. Comme cette neige, comme cette glace. Si je ne pense pas avoir encore le recul nécessaire pour crier au chef d’œuvre, le Lion d’or, et même celui d’argent pour l’interprétation fiévreuse de Lia Fan, le valent bien. Et à ce dernier d’apparaître comme une sorte de croisement à suivre entre Lau Ching-wan et Song Kang-ho ainsi que ses nombreux succédanés coréens. Succès damné ? Succès d’année, déjà.

25 juin 2014
par Arno Ching-wan


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